historien maritime, journaliste, poète et conteur (1920-1987)

historien maritime, journaliste, poète et conteur (1920-1987)
portrait du 19 mai 1946 réalisé par sa sœur Geneviève, surnommée Vève

mercredi 29 décembre 2010

Sillages, en 1943











Replié avec sa famille à Nantes, Robert de la Croix s'y découvre des goûts pour la poésie comme cette ville sait les faire germer, par le mystère des ses quais abolis, de ses bassins comblés, de ses passages. Il fera éditer sa première plaquette de poèmes, Sillages en 1943
(in Revue Thalassa n°23 de mars 1988, portrait de Robert de la Croix par Philippe M. Denizot)

"La poésie n'est souvent que maladresse et balbutiement, mais cette gaucherie porte en elle quelque chose de sauvage et cette langue boîteuse laisse échapper des accents si impérieux que les plus inattentifs sont forcés d'y prêter attention même si l'oreille et la raison s'en trouve offusqués.
La jeunesse est inimitable. De plus, elle a des intuitions que les autres âges ne connaissent pas. Il faut qu'elle en ait gros sur le cœur pour chanter avec tant d'insistance - ne fût-ce que pour s'enchanter elle-même.
Si intrigants que soient leurs messages, les poètes d'aujourd'hui ont fini par convaincre que le style, le rythme, les images et non le sens du discours font la trame de la poésie. Le style c'est l'homme. Le rythme c'est la vie, la chaleur, la respiration même de l'œuvre d'art. Les images en sont l'attrait, l'éclat et l'envol. La musique, ou le sens littéral, ou l'un et l'autre peuvent venir s'ajouter à l'essentiel comme une grâce supplémentaire qui parachève la beauté d'un poème et comble notre plaisir. Mais gardons-nous de juger le principal sur l'accessoire.
Cinq poètes se présentent ici dans la diversité de leurs tempéraments. Si l'un est vigoureux empoigneur du verbe et un grand allumeur d'images, un autre sera un artisan très subtil. L'un se dérobe, l'autre s'abandonne. L'un cultive la ferveur et l'élan, un autre est plein de réticences et d'allusions. L'un brûle, un autre savour, un troisième cherche et lutte, un quatrième affirme, un dernier, se souvenant de rythmes anciens leur donne une modulation nouvelle.
Cinq jeunes gens se tiennent la main devant nous. Cinq mondes différents obéissent chacun à son attraction particulière, cinq poètes unis par une commune passion et par une commune jeunesse, affrontent la désolation actuelle et déjà dirait Beaudelaire, le Printemps adorable retrouve son odeur.
(Préface de Julien Lanoë à la plaquette de Poèmes Sillages, cahiers de l'Arcture, Nantes 1943)




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